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Catégorie : Collection Privée Page 1 of 3

Nicole

 

Regarde ton chien dans les yeux et tu ne pourras pas affirmer qu’il n’a pas d’âme. (Victor Hugo)

Arrêtons d’être inquiets

Barre de natation automobile

Nihil verum nisi … mors ?

C’était à l’époque où j’étais cocher, lorsque je faisais la ligne de M. à N. Nous étions sur le point d’arriver à l’auberge où nous devions passer la nuit mais j’étais pris d’une envie pressante et, prétextant la fatigue des chevaux, je m’en allai lever la patte contre un arbre, invitant par la même les passagers à m’imiter si besoin était, mais personne ne descendit, ce qui m’interpella parce qu’il y en a toujours un avec une vessie prête à exploser, à n’importe quel moment du voyage.

Je frappai à la porte mais personne ne répondit. Que je sois foudroyé par le jeune et fougueux dieu de l’orage si exécrable pestilence peut avoir existé ailleurs en ce monde ! Une puanteur acre, émétique, brûlant la gorge et incendiant les nasaux, qui crèverait l’œil valide d’Odin si cette horreur odoriférante était une lance.

Depuis la distance que j’avais prise en m’écroulant par terre dans le fossé je ne pouvais rien discerner dans les ténèbres de la voiture mais il me sembla que rien n’y bougeait. Je profitai de dételer les chevaux, afin de leur épargner de succomber aux miasmes, pour lancer quelques gravillons par la portière, mais là encore rien ne bougea.

J’expliquai la situation à un vieillard qui passait par là. Je le connaissais pour l’avoir croisé quelques fois, c’était un vieil équarrisseur amateur que rien ne devait répugner. Il me toisa d’un œil amorphe et méprisant en caressant les flasques rides de ses joues puis, sans piper mot, il s’engouffra dans l’obscurité étouffante et en tira trois corps.

« Ils sont morts, pour sûrs, asphyxiés.

– Qu’en savez-vous ? lui demandai-je.

– J’en sais que j’en ai vu des cadavres, et ça ç’en est ! Et ces lèvres bleues comme un ciel malade, ces langues gonflées comme celles des canards bouffés par les vers, ces yeux bovins… ils sont morts asphyxiés. »

Le manche de l’éventail d’une jeune voyageuse était pourvu d’un miroir de discrétion, je m’en saisis et le plaçai sous ses narines pour constater qu’effectivement aucune buée ne se forma à sa surface. Pourtant je restai circonspect ; quelque chose que je n’arrivais pas à identifier me faisait douter, et comme le vieux me devina tracassé il suggéra :

« Fourrez-lui un doigt dans l’œil, si ça réagit pas c’est que c’est mort.

– Voilà qui est tout à fait igno… »

Mais je n’eus pas le temps de terminer que le croulant tâta les globes oculaires sans provoquer la moindre réaction.

« Vous voyez, se voulut-il rassurant tout en ne pouvant contrôler les trémolos qui naquirent dans sa gorge. Vous voyez qu’ils sont bien morts. Bon, moi j’y vais, j’ai à faire.

– Une minute. Lui, ce jeune homme, probablement le fiancée de celle-là, j’ai vu sa poitrine se soulever.

– Ca arrive que les dépouilles dansent : les gaz, les nerfs, les muscles qui se relâchent… Ne cherchez pas, ils sont canés.

– Non, vous dis-je.

– Moi j’lui foutrai pas un doigt dans l’derrière.

– Plait-il ?

– Ben, hé… Vous savez, pour être sûr… »

Pourquoi procédai-je à cette abjecte vérification ? Et comment en vîmes-nous à évaluer leur état mortuaire par la molestation des chairs ventrales, par la torsion des parties intimes masculines, par l’ablation des mamelons, par la mise à feu d’une bouche dont nous brisâmes les mâchoires, par la scalpation d’une future mariée, etc. ? Je crois que nous avons voulu être trop zélés, ou alors nous sommes-nous quelque peu emportés. Toujours est-il que la mort n’aurait dû, alors, ne faire aucun doute, mais le vieux et moi tremblions de tous nos membres.

Je me remémorais toutes ces histoires macabres que ne se content les adultes que lorsque les enfants sont couchés, les rencontres avec le Diable, les sacrifices impies promettant la souffrance et le trépas d’un ennemi, les sorts de magie noire, les rites sataniques et païens… Toutes ces folkloreries, elles inondèrent mes entrailles pour me les faire vomir sur les pieds de mes feux clients. Combien aurais-je donné pour que ces trois personnes aux vêtements déchirés, aux yeux crevés, aux visages brûlés, violées par des voies aussi saugrenues que blasphématoires, combien aurais-je donné pour qu’ils ne se soient pas mis à râler, à souffler de voix rauques : « Arrivés ? Sommes-nous arrivés ? » tout en se roulant par terre dans leur sang et leurs tripes pour se trainer jusqu’au marchepied.

Devenu subitement fou, le vieux se mit à rire et à sautiller en s’infligeant tout ce qu’il proposait dans sa chanson : « Veux-tu être bonne et m’ôter les yeux ? Merci. Veux-tu me mordre la langue et en cracher un petit bout sur cette fleur, mon bel ange ? Merci. Veux-tu introduire ce couteau dans mon nez pour voir s’il saigne ? Merci. » etc.

Je m’évanouis, le temps que la Lune ne se lève dans la nuit et parcourt la distance de deux pouces tenus à bout de bras, le temps que les trois morts soient retournés à leur siège.

« …mon grand âge. Merci. Veux-tu qu’avec mes bras amputés je replace le cocher à sa place ? Merci. »

Et le vieux flatta le cheval de gauche en lui léchant le derrière et relança ainsi notre voyage.

Lorsque j’arrivai à l’auberge, que se passa-t-il ? Je ne pourrais vous le dire ; nous le l’avons jamais atteinte. Nous ne sommes jamais arrivés nulle part, et pourtant nous roulons beaucoup, vraiment beaucoup, et pourtant nous ne roulons pas en rond, toujours en ligne droite malgré le brouillard, et pourtant nous vérifions souvent, à l’aide de furieux moyens, que nous ne sommes pas morts !

Ses Employés font empailler leur patron mort

Trouvez une femme riche et soyez inventifs

« Oh mais faites-moi confiance! Ne sommes-nous pas mariés?
– Certes, mais je suis fort troublée par ce ce que vous me demandez.
– Allons allons, ma chère chérie adorée, il n’y a rien à craindre, cette arme n’est pas chargée. J’ai besoin de vous voir faire, pour la pièce de théâtre que j’écris, vous savez…
– Celle sur le monsieur qui épouse une femme riche?
– En effet.
– Celle pour laquelle je vous ai déjà aidé en rédigeant un testament où il est question de léguer fortune et titres à l’époux?
– Mais oui, mais oui! Allons, assez parlé, l’inspiration me quitte. Hâtez-vous de presser cette détente que je puisse terminer l’acte final et le présenter au notaire au metteur en scène. »

Le droit de vie et de mort

« Luttons pour le droit de grève, le droit des femmes, le droit d’accès à l’information, le droit de vote, le droit du sol. Luttons pour les droits d’auteur. Luttons pour le droit d’accès au logement et à l’éducation, le droit de cuissage, le droit de libre échange, le droit de la propriété privée, le droit de liberté de culte, le droit de nudité, le droit de rire, le droit de mariage…

Mais le droit de mort, le droit de suicide, ah ça non! Battons-nous pour le droit d’agoniser, le droit de rester en vie, le droit d’attendre, le droit de s’ennuyer, le droit de vivre, pourquoi pas le droit de crier… Battons-nous pour que ceux qui sont las de la vie soient enfermés dans un asile de fou plutôt que dans un cercueil! Battons-nous même pour que les vampires ne puissent pas se planter un pieux dans le cœur et qu’ils soient obligés de goûter à l’éternité. Battons-nous pour que ce qui nous attend chacun puisse se conduire avec la dignité humaine, acharnement et bravoure. Seuls les chiens se font euthanasier!

S’ils veulent périr, après tout, ils n’ont qu’à commettre des crimes monstrueux, et trépasser les mains armées face aux forces de police! Et s’il n’est que blessé, il aura droit de vivre en prison dans des conditions décentes car nous avons lutté pour les droits de l’hygiène.

Personne ne devrait avoir le droit de choisir sa mort, puisqu’il n’a pas choisi de vivre… »

Humanistement vôtre, un démocrate qui sait mieux que vous ce qui est bon pour vous

Mise en garde

Une erreur s’est glissée dans Les vanités et autres curiosités de sorte que l’avertissement quant à l’interdiction de lire cet ouvrage dans les lieux saints a disparu. De fait prenez certaines précautions lorsque vous transportez ce livre qui devient étrangement inflammable dans les lieux consacrés.

Les livres Heresie.com production

A la librairie Masséna on sait quels livres en ont dans le pantalon, et on sait l’expliciter!

Des livres pour les sans culottes… et les autres…

Les vanités pour les sourds

Bonne nouvelle  :  Les vanités et autres curiosités est désormais disponible pour nos amis sourds et malentendants…

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