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Le merveilleux n’est que merveilleux, pas plus

Il ne cessait de se lamenter, clamant « Pourquoi les pierres ne sont-elles que des pierres ? Pourquoi derrière l’horizon ne git qu’une éternelle répétition ? Pourquoi le mystère n’est-il qu’un abîme d’ignorances derrière un rideau face auquel tout le monde s’extasie sans oser se révéler la décevante vérité ? ».

Il ne cessait de blâmer toute chose. Pour lui l’esprit humain n’était qu’une somme neuronale finie et trop limitée pour être digne d’intérêt, les dieux étaient trop peu nombreux pour esquisser le moindre espoir que ce soit, la métaphysique était aussi basse et aisée à gravir qu’un gravillon le serait pour un alpiniste chevronné. « Les plantes ne sont que des plantes, les animaux ne sont que des animaux ; aucune âme, aucune beauté. Les lacs sont de vieux nuages morts qui ont fini par se dissoudre, les océans en sont les égouts. La quête esthétique prouve que rien n’est beau. L’art c’est une matière violée afin de correspondre à une époque qui la quantifiera à l’aide de pièces de monnaie absurdes. Les charmes féminins sont soulignés pour détourner l’attention de leur vacuité, et cela convient bien aux vains hommes qui trouveront des mains douces et baguées à tenir sur la route de l’illusion qu’ils ne sont pas aussi creux que tout ce qui les entoure. »

Pour lui il n’y avait aucun espoir, la surprise était interdite, l’étonnement était un mensonge, la curiosité était une forme de décadence. L’avenir aurait le même fond que le passé, et qu’il en ait la même forme ou pas, qui s’en rendrait compte ?

 « Même ce chien qui se reflète dans ce miroir ne vaut rien » aboyait-il lorsqu’il croisait son image. C’est le seul point avec lequel je n’étais pas d’accord avec lui.

Ici résides-tu?

Anywhere out of the world

 

N’importe où hors de ce monde

Comment allez-vous?

« Comment allez-vous mon cher ami?

– Oh vous savez… J’ai un emploi stable, une belle carriole pour toute la famille, des tas d’amis semblables à moi (et réciproquement), je pratique un sport fort couru et bien en vue. Je suis assez impliqué dans les manifestations contre cette nouvelle loi zm2od5sig. Je suis allé voir cette nouvelle pièce à la mode avec ma femme à qui j’ai offert une robe dernière mode avec des bijoux bien clinquants, le visage proprement poudré, du parfum bien fort… J’ai réalisé de forts beaux investissements et je suis en passe de devenir presque riche après m’être tant soucié d’économiser; mais attention! je ne vais pas non plus cesser de m’occuper de payer peu et de pinailler et de marchander. Je me suis fait installer le téléphone à domicile! Non seulement pour rester en contact avec mes innombrables connaissances mais aussi parce qu’il faut vivre avec son temps, être à la pointe. Je n’ai plus le temps de rien, du moins pas le temps de m’ennuyer. Je suis en vie, et la vie est belle.

– Je ne vous savais pas aussi mal en point mon pauvre. »

C’est toujours de pire en pire, soit disant. Le monde ne tourne pas rond, soit disant. Et pourtant de tout temps on peut voir la couleur des dents de chacun puisque tout le monde sourit.

Tous ces médicaments émétiques sous formes de livres que sont les autobiographies romancées typiquement françaises, les articles publiés dans les journaux, c’est peut-être cela qui passera à un esprit solitaire et idéaliste pour de la vraie littérature fantastique, davantage que les fantômes, les vampires, les sorcières, les tapis volants, les maisons sur pattes de poules, les bains de sang, les chaudrons de poisons, l’alchimie, les cosmogonies éthérées, les voyages dans le cosmos, les aventures oniriques…

C’est le quotidien le plus banal qui parait fantastique à celui qui vit dans ses rêves. La Dark Fantasy, il est si facile d’en trouver, partout hors de l’imaginaire optimiste il n’y a que ça.

 

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Je ne suis pas un être humain – c’était une erreur de me croire chose aussi minable.

L. Klima

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