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Étiquette : dandy

Extase

Longtemps mes réflexions sur les dandys infligèrent aux traits de mon visage des rides profondes, des sillons de mépris, des reliefs épidermiques presque haineux, et pourtant quelque chose ne m’était pas tout à fait antipathique : leur volonté de dépasser leur condition (pas la transcender ni vraiment s’en dissocier, mais plutôt se jouer d’elle), de ne pas se soumettre à la norme de la masse. Affection donc fort peu honorable car (dépasser quoi? son apparence?) applicable à nombre de catégories de personnes (et nous savons bien que le monde est divisé en deux catégories : ceux qui ont une arme… et les autres).

Mais après réflexion, qu’importent les apparences : derrière le parfum chimique c’est le même relent nauséabond que celui de l’honnête aisselle du vagabond, derrière les poudres et les cosmétiques c’est le même visage putride que le cuir immonde de n’importe qui, derrière les mots choisis et les aphorismes de poseurs ce sont les mêmes échos creux que ceux des commères, derrière les mets raffinés ce sont les mêmes défécations, dans les tiroirs d’ameublements en bois exotiques richement ouvragés ce sont les mêmes espoirs navrants, sous les hauts chapeaux brossés et impeccables, sous les cheveux peignés et domptés, c’est le même esprit hédoniste et primaire que celui d’un bonobo.

Un œuf pourri est-il moins répugnant parce que sa coquille a été peinte? L’extase esthétique ne suffit qu’à ceux qui n’ont rien d’autre que l’apparence, ceux qui se sont justement pliés aux sens physiques, ceux qui se sont agenouillés devant leur prédestination animale. Honneur aux mangeurs d’ail qui expriment ainsi leur désire de ne se parler qu’à eux-même, honneur à ceux qui se lacèrent le visage pour paraître effrayant et abandonner les soucis du masque, honneur à ceux qui ont choisi quinze mots grossiers pour seul vocabulaire parce que se sont les seuls qui ont du sens, honneur à l’ascète qui a pour bols des crânes humains informes volés dans des cimetières, honneur à celui qui ne connait le nom d’aucun pays et d’aucune capitale mais sait parfaitement la géographie de ses rêves, honneur aux Diogène et aux Pyrrhon qui ont su ne pas laisser de trace dans l’Histoire, honneur aux sâdhus et à ceux qui ne ressemblent qu’à eux-mêmes.

Ici un dandy pourrait répliquer quelque chose comme une remarque acerbe sur l’honneur, il n’aurait pas tort, cet œuf de Fabergé rempli de pourritures.

L’évolution est en cours

Des millions… que dis-je?! Des milliards d’années de sélection naturelle… et après une sinistre période où il fut une grotesque parodie simiesque, bipède et imberbe, l’homme est enfin devenu quelque chose de bon, beau et digne.

Qui n’a pas de museau n’a pas de cerveau!

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