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Halitose

C’était un lecteur lent, très lent, mais un bon lecteur, de ces maniaques collectionneurs de paysages qui lisent une ligne avant de clore les paupières afin d’appréhender l’essence travestie en mots, qui parcourent un paragraphe avant de fermer les yeux et s’abîmer dans les visions décrites, pouvant dépenser un mois sur un seul chapitre qu’ils ne pourraient pourtant réciter par cœur mais dont leurs esprits connaissent tous les détails cachés derrière les encres et occultés par la cellulose, et même ceux passés sous silence.

Le dernier ouvrage qu’il lisait était relié d’une étrange façon, et sur son dos le titre et l’auteur étaient effacés par les ans. Des traces d’usure on ne pouvait ignorer qu’il avait été chéri et examiné par maints passionnés.

Parfois, mon ami, lorsque je le trouvais à la terrasse d’un café ou à l’ombre d’un platane du parc et qu’il avait oublié son opuscule, me décrivait sa lecture comme « un A-rebours décadent et purulent » , « un manifeste gnostique blasphémant la beauté et la laideur, transcendant le songe en une série de destructions absolues dont les gravats seraient autant de fertiles microcosmes éthérés» , « un Maldoror saturnien qui aurait visité le Walhalla avec un foulard de narcotiques devant le nez », « une nomenclature de cauchemars pareils à des fragments de ténèbres déchues agonisant dans un désert de poussières de cristal » , ainsi que par d’autres vagues allusions poétiques n’évoquant rien à l’amateur de journaux d’actualités que j’étais.

Au fur et à mesure de son avancée dans les pages il changea de physionomie et d’allure : il farina son visage, se passa du charbon pour se pocher les yeux, laissa ses épaules et son dos céder à l‘impitoyable pesanteur de l‘existence, négligea de tailler sa moustache de sorte qu‘elle fut suffisamment longue pour qu‘il la mâchonnât. Pour vernir ses ongles il devait laisser ses phalanges dans des bacs de thé ou de café car les bouts de ses doigts eux-mêmes étaient brunis. Mais ce fut son haleine qui m’interpela : une exquise fragrance s’exhalait de sa bouche, un parfum à la fois lacté et fleuri, angélique, violent, révoltant et parfait. Lorsque je l’interrogeais il se lançait dans de longues logorrhées, digressait, mais ne m’expliquait rien.

Pourtant, un jour, cependant que je lui rendis une visite impromptue, je découvris à quelles extrémités l’avaient livrées ses lectures : il s’adonnait au cannibalisme. « Mais seulement des enfants encore allaités, des humains-de-lait ; car eux seuls ont encore la viande pure ! »

Je fus comme vous : répugné. Néanmoins, quand, après avoir lu l’ouvrage en question et avoir rompu quelques ineptes carcans qui brident la liberté des consciences sous des jougs de niaiseries, je goûtai la chair de nouveau-né… Diable ! Parbleu ! Bon sang de bois ! Damnations hérétiques de nécromanciens albinos ! Mon haleine devint si douce que moi aussi je léchai ma moustache pour me la pommader à la salive… Et, enfin,  je dois avouer avoir compris que la gastronomie peut être un art.

Que l’on me parle de manger du vieillard ou de l’adulte et je serai comme vous dégoûté et pris de nausée, mais de l’enfant encore édenté, c’est comme pour tout : il faut en essayer avant de porter un jugement !

 voldenfant

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Les émotions sont éphémères

 

« Quand on m’a annoncé que mon épouse avait été retrouvée dévorée, cuisinée par un cannibale, les chairs et les os rongés, j’ai cru défaillir, je sentis comme une main glacée glisser dans mon dos, une dague se planter dans mon ventre. Mais tout passe, le chagrin, la peur, la rage…

– Mais je croyais que c’était vous qui l’aviez mangée?

– En effet. C’est que je croyais qu’ils venaient m’arrêter, mais ils étaient seulement passés m’annoncer la mort de cette bien fade femme.  »

 

 

 

Shigellose

 » Si tu n’as rien à offrir à tes invités sers le père de famille »

Proverbe étranger

 

Un voyage en toute sécurité

Parce que le cannibale peut se cacher partout sur les routes, certains n’hésitent pas à dissuader le gourmet : Attaque-toi à moi et tu vas tomber sur un os, mon coco!

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