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Étiquette : Sylvain-René de la Verdière

Sous la menace

La Verdière, auteur du Memento Temporis, est certes un être chétif, bégayant, cul-de-jatte et imberbe, mais il est aussi à la tête d’un terrible gang composé de gérontes que leur moribonderie a rendu plus kamikazes que n’importe quel hashashyn. Il m’a donc menacé, si je ne publiais pas une nouvelle promotionnelle de sa plume, d’affliger le monde en égalisant les dimensions des roues des bicyclettes – afin d’éradiquer la race des nobles grands-bi – et propager la syphilis parmi les drontes. Afin d’éviter de tels fléaux, je me soumets mais vous conseille de ne pas acheter l’ouvrage en question : volez-le et offrez-le à l’un de vos ennemis !

De la consécration

« Joli flacon ! s’extasia l’aventurier.

– Il provient de la collection du Club Memento Temporis, que j’eus la chance de fréquenter avant sa dissolution, répondit le Coréen.

– Est-il indiscret de demander ce qu’il contient ?

– Certes pas ! Visez-donc ! »

Le Coréen fit sauter le couvercle et tendit l’urne.

« Qu’est-ce donc ?! » s’exclama l’autre alors qu’un être éthéré prenait forme sous ses yeux.

« Un génie, voyons ! Le cuir bleu d’azur, les breloques, la barbiche, ça ne vous dit rien ?

– Si bien sûr, mais j’aurais pensé que… » l’aventurier n’eut pas le temps de terminer sa phrase que l’être de paillettes prit la parole.

« Vous m’avez libéré de ma prison d’argile, je vous suis redevable. Comme le dicte la tradition, je me dois de réaliser les trois vœux que vous formulerez. » Ce disant, il posa sur les deux compères un regard blasé. Ni une ni deux, l’aventurier répliqua.

« Fichtre ! Voilà qui tombe à pic ! J’ai toujours souhaité rentrer dans les annales ! Je voudrais voyager loin ! Je voudrais découvrir de nouvelles espèces exotiques, qu’elles portent mon nom ! Je voudrais être de ceux que l’on trouve dans les livres ! »

Il s’était mis dans un tel état d’excitation qu’il n’entendit pas le génie répondre :

« Accordé. »

La scène à laquelle assista alors le Coréen dépassa tous ses espoirs. L’aventurier disparut, escamoté dans une trappe cosmique ; le génie ricana, cliqueta et tournoya comme un derviche fou, tant est si bien que quelque chose l’éventra et vint rouler sur le sol. Une roue crantée. Elle fut rapidement rejointe par plusieurs autres alors que le génie girait toujours, ricanant comme un dément et expulsant une à une les pièces de l’automatisme qu’il renfermait, avant de se démantibuler en un tapis d’engrenages.

Lorsque l’aventurier reparut, émergeant hébété de la trappe cosmique, tout crotté de fange extraterrestre et grouillant de vermines inconnues, le Coréen prononça la formule consacrée. Le malheureux rapetissa jusqu’à atteindre la taille qui permit à son compère de le loger dans un coffret sculpté, grimoire factice du plus bel effet. L’Asiatique délesta l’aventurier de la vermine qu’il enferma dans un flacon étiqueté au nom de leur découvreur et empocha le grimoire.

Il savait qu’il ferait impression en proposant un génie tout neuf et des créatures inconnues au Club de Curiosités auquel il avait bien l’intention de rendre visite.

Puisque vous ne tenez pas à la vie, lisez Memento Temporis…

 » J’ai prêté Memento Temporis à un brave homme qui avait perdu son journal dans le parc.

– Votre journée a été rudement remplie, dites-moi !

– Il a été dévoré par un éléphant…

-Pauvre éléphant, avoir à avaler un tel ouvrage !

-Pas le livre : c’est l’homme qui a été mangé.

– Quand je vous disais que La Verdière écrit des récits pas si anodins que ça malgré son anencéphalie… Cessez d’en faire la promotion. La dernière fois, ce furent ses livres des Deux Zeppelins qui causèrent la pelade de la femme à barbe, et vos distributions dans les maisons de retraites de ses Civito de la Nebuloj qui ont provoqué des crises de bruxisme si violentes qu’il ne reste que poussières de la tête de maints gérontes. »

 

Un Club curieux

« Je me suis rendu l’autre soir à ce Club dont je vous ai parlé il y a quelques temps.

– A quel club faites-vous allusion, mon vieux ? Celui auquel vous avez présenté le fameux espérantiste tchèque ?

– C’est bien celui-ci amiko, le Club de Curiosités. Une assemblée d’énergumènes tous aussi tortueux les uns que les autres et qui s’évertuent à rechercher des cas encore plus dégénérés que les leurs.

– Il faudra vraiment que vous me présentiez à cet Henry, un jour ou l’autre.

– Trouvez donc un sujet intéressant et je verrai ce que je peux faire. Dernièrement je leur ai présenté l’une des trouvailles que j’ai faites dans un marché souterrain pour archéologues amateurs de tout poil.

– Et donc ?

– Ils ont dépassé toutes mes attentes, les bougres ! Imaginez un peu un hydrocéphale qui, sur les conseils peu avisés d’un syphilitique, s’est mis en tête d’engloutir la tsantsa sud-américaine que j’avais apportée dans l’espoir saugrenu que sa tête rapetisse ! »

Sylvain-René de la Verdière, directeur Des Deux Zeppelins

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