TCBS, petite série de la chaine youtube Le Stryge, traitant de divers sujets Fin-de-siècle/Belle époque, en plus ou moins bonne société
https://www.youtube.com/watch?v=pImmaqWYHkc&list=PL506VHdPfRsDOd-_sV99HIJbqcqQn5IwJ&index=1
TCBS, petite série de la chaine youtube Le Stryge, traitant de divers sujets Fin-de-siècle/Belle époque, en plus ou moins bonne société
https://www.youtube.com/watch?v=pImmaqWYHkc&list=PL506VHdPfRsDOd-_sV99HIJbqcqQn5IwJ&index=1
Il ne cessait de se lamenter, clamant « Pourquoi les pierres ne sont-elles que des pierres ? Pourquoi derrière l’horizon ne git qu’une éternelle répétition ? Pourquoi le mystère n’est-il qu’un abîme d’ignorances derrière un rideau face auquel tout le monde s’extasie sans oser se révéler la décevante vérité ? ».
Il ne cessait de blâmer toute chose. Pour lui l’esprit humain n’était qu’une somme neuronale finie et trop limitée pour être digne d’intérêt, les dieux étaient trop peu nombreux pour esquisser le moindre espoir que ce soit, la métaphysique était aussi basse et aisée à gravir qu’un gravillon le serait pour un alpiniste chevronné. « Les plantes ne sont que des plantes, les animaux ne sont que des animaux ; aucune âme, aucune beauté. Les lacs sont de vieux nuages morts qui ont fini par se dissoudre, les océans en sont les égouts. La quête esthétique prouve que rien n’est beau. L’art c’est une matière violée afin de correspondre à une époque qui la quantifiera à l’aide de pièces de monnaie absurdes. Les charmes féminins sont soulignés pour détourner l’attention de leur vacuité, et cela convient bien aux vains hommes qui trouveront des mains douces et baguées à tenir sur la route de l’illusion qu’ils ne sont pas aussi creux que tout ce qui les entoure. »
Pour lui il n’y avait aucun espoir, la surprise était interdite, l’étonnement était un mensonge, la curiosité était une forme de décadence. L’avenir aurait le même fond que le passé, et qu’il en ait la même forme ou pas, qui s’en rendrait compte ?
« Même ce chien qui se reflète dans ce miroir ne vaut rien » aboyait-il lorsqu’il croisait son image. C’est le seul point avec lequel je n’étais pas d’accord avec lui.
La lueur des becs de gaz se reflétait en une étrange couleur glauque sur le pavé humide, une teinte entretenant les ténèbres, soulignant l’obscurité environnante, enlinceulant les alentours toujours plus improbables, moins suspects, absents.
Et le temps s’écoula, le présent sombra dans le passé, s’abîmant de plus en plus profondément.
Désormais le soleil ne baignait pas la contrée, non : tout comme les formes et les couleurs il s’y engloutissait, inhumé dans les épaisses brumes ondoyant sans passion ni raison en dessinant des silhouettes éthérées, cyclopéennes, divines et menaçantes. Quand je marchais il me semblait que le sol n’était plus et que tout mon corps était soumis à une pression négative. Lorsque je m’arrêtais j’entendais des murmures bruire partout avec hostilité. Mais au-delà je savais que…
***
Réalité : Épreuves rendent plus fort. (Mais à quelle fin ?) – Soumission à la chimérique quête du bonheur.
Imaginaire : Choisir son époque, même impossible, même fragmentaire. Tout y est plus beau : les paysages, les femmes, les arts, les couleurs, les musiques, les folies, les bizarreries, etc. Tout y est plus pur, ou plus idéal, ou plus étrange, ou moins ci, ou plus cela, au choix. Liberté d’être qui l’on souhaite, d’être ce que l’on désire, d’être tout le monde ou même personne. Liberté de faire taire qui l’on veut, de faire stopper n’importe quelle situation. Possibilité de planer, de plonger indéfiniment, d’acquérir ou perdre des sens. Etc. Etc.
***
Ce furent donc les deux missives que nous trouvâmes. Dans un récit imaginaire nous les aurions évidemment découvertes dans un logement vide, mais le pauvre bougre était toujours là, catatonique. Lui dont certains disaient qu’il préparait le casse du siècle (il voulait voler toute la fin-de-siècle) n’aura même pas su effacer les preuves de son existence.
Certains niais optimistes clameront qu’il a néanmoins déserté son corps : qu’ils aillent lui verser du jus de citron dans l’œil, ils verront s’il n’est pas encore là.
-*-
Mais même en début de siècle…
Fièrement propulsé par WordPress & Thème par