A quoi reconnait-on un vampire ?
D’abord l’haleine fétide exhalée par sa gorge, les miasmes de ses organes en décomposition ; même s’il clôt ses putrides lèvres squameuses les trous percés par les nécrophages à ses joues et dans sa gorge ne l’empêcheront pas d’endiguer les flots de puanteur. Sa peau sera marmoréenne, froide, blafarde, diaphane, peut-être gluante et visqueuse si sa tombe se situe en milieu humide, prête à se dissoudre sous tout effet de frottement. Ses vêtements seront ceux de son inhumation, mais il est probable qu’il soit seulement enlinceulé dans quelque soie tâchée de sucs répugnants. Ses yeux seront crevés et sa langue sera agitée sous l’effet des vers qui l’auront colonisée, ce qui lui donnera une diction slavisante évoquant le roumain (il appréciera de rouler les r pour amuser les vers). Ses manières seront peut-être celles de quelque poète anglais : phtisique, alangui, ridicule. Contrairement à la croyance il n’a aucune phobie de la lettre majuscule T surmontée d’un trait vertical qu’arborent les simples d’esprits. Ses dents se seront pas longues, bien au contraire elles présenteront les traces caractéristiques de bruxisme puisqu’il aura mastiqué son suaire, ses lèvres, ses doigts, ses cheveux, ses lèvres… Afin de le tuer il ne faut ni lui planter un pieu dans son cœur qui a déjà cessé de battre ni le décapiter pour séparer son tronc faisandé de sa tête dépourvue d’activité cérébrale : il n’y a rien à faire, sinon attendre qu’il vous tue (affrontez le trépas avec dignité!)
Il sera comme vous un corps corrompu par la vie, un corps un peu moins répugnant que vous et vos semblables.