Voici une histoire à la slave. Yра!

« Monsieur, réveillez-vous. Monsieur ? M’entendez-vous ? Ne gesticulez pas autant, cela fait grimper votre tension. Si vous m’entendez clignez des yeux. Ah, vous n’en avez plus, évidemment… Alors si vous m’entendez remuez les lèvres. Ah, cela non plus vous n’en avez plus. Ah ah ! Nous vous avons sauvé : vous vous êtes tiré une balle sous le menton, probablement pour vous suicider ? Étrange et inefficace méthode! L’ogive a traversé la langue, le palais, l’arrière du nez que nous avons dû amputer, un œil (nous avons énucléé les deux par précaution) et le front. Mais pas de soucis… Non, ne vous agitez pas ! Pas de soucis, nous vous avons sauvé.

« Mais, je dois dire, monsieur, que puisque nous vous avons aussi empêché de vous tuer nous sommes allés contre votre volonté. Voilà, désormais que nous vous avons ramené à la vie je place donc une arme chargée dans votre main, tâchez, si vous souhaitez mourir, de mieux viser. Oui voilà, parfait, pressez la détente.

« Ah ah, je l’avais chargé à blanc. Infirmière, nettoyez les brûlures de poudre, jetez-lui de la vodka dans la trachée et mettez ce monsieur en soins, nous lui en avons évité une belle ! Il s’en tire à bon compte : il aurait pu en mourir de son suicide. Yра !»

Et le доктор se rendit à son bureau pour se faire une injection narcotique car, comme l’a écrit Boulgakov : « L’homme ne peut travailler normalement qu’après une piqûre de morphine ». Et tout fut au mieux car de mélancoliques chants hurlés par des cavités difformes et ivres glissaient sur les neiges des steppes de la grande et éternelle Russie.