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Étiquette : maldoror

Dans la carrière du mal… atmosphère douce!

Je suis sale. Les poux me rongent. Les pourceaux, quand ils me regardent, vomissent. Les croûtes et les escarres de la lèpre ont écaillé ma peau, couverte de pus jaunâtre. Je ne connais pas l’eau des fleuves, ni la rosée des nuages. Sur ma nuque, comme sur un fumier, pousse un énorme champignon, aux pédoncules ombellifères. Assis sur un meuble informe, je n’ai pas bougé mes membres depuis quatre siècles. Mes pieds ont pris racine dans le sol et composent, jusqu’à mon ventre, une sorte de végétation vivace, remplie d’ignobles parasites, qui ne dérive pas encore de la plante, et qui n’est plus de la chair. Cependant mon cœur bat. Mais comment battrait-il, si la pourriture et les exhalaisons de mon cadavre (je n’ose pas dire corps) ne le nourrissaient abondamment ? Sous mon aisselle gauche, une famille de crapauds a pris résidence, et, quand l’un d’eux remue, il me fait des chatouilles. Prenez garde qu’il ne s’en échappe un, et ne vienne gratter, avec sa bouche, le dedans de votre oreille : il serait ensuite capable d’entrer dans votre cerveau.

*

Si tu ne sais pas qui chante ainsi fais-m’en part : je laisserai mes ongles pousser durant quinze jour pousser mes ongles pendant quinze jours. Oh! comme il sera doux d’arracher brutalement de ton lit, toi l’enfant qui n’a rien encore sur la lèvre supérieure, et, avec les yeux très-ouverts, de faire semblant de passer suavement la main sur ton front, en inclinant en arrière tes beaux cheveux! Puis, tout à coup, au moment où tu t’y attendra le moins, d’enfoncer mes ongles longs dans ta poitrine molle, de façon que tu ne meures pas; car, si tu mourais, on n’aurait pas plus tard l’aspect de tes misères. Ensuite, je boirai le sang en léchant les blessures; et, pendant ce temps, qui devrait durer autant que l’éternité dure, l’enfant que tu es pleureras. Rien n’est si bon que ton sang, extrait comme je viens de le dire, et tout chaud encore, si ce ne sont tes larmes, amères comme le sel.

Bonne insomnolence

« Le réel a détruit les rêves de la somnolence. »

Chant Cinquième de Maldoror

 

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