Certains pensent que la décadence consiste à mimer la pédérastie frénétique, la préciosité ovarienne, à s’orner les lèvres du sang bien carmin d’un taureau mis à mort par trois prêtres défroqués vêtus de robes en peau de crocodile, à se pommader une fine moustache d’italien à la graisse de truie gavée de fœtus dans un monastère, à s’huiler les cheveux d’ichor de putois, à cracher des inepties d’autant plus incompréhensibles qu’elles paraitront profondes. Le décadentisme consisterait-il donc à planter des plumes de paon dans un étron? Le décadentisme consisterait-il donc à affirmer sa virilité en molestant un nain ligoté et à moitié crevé? Le décadentisme passerait-il donc par la provocation en duel de son reflet sous les applaudissements de poseurs bientôt passés de mode et remplacés par d’autres idoles putrides? … Eh bien, en définitive, oui…
Mais qui s’en soucie? Pourvu que cela puisse, à soi, éviter les affres de la pensée où conduit le désœuvrement, l’individu sera toujours prompt à s’inventer des courants dans lesquels se noyer, et plus ces courants paraitront pires que leurs prédécesseurs plus il croira qu’ils sont innovants et préférables, alors que, soyons lucides et honnêtes, cela fait bien longtemps que sous le limon on stagne… La décadence ne change ni de masque ni de visage, depuis l’aurore de la civilisation elle reste l’art de déguiser son animalité en perversités supposées raffinées. Je ne sais plus distinguer des paysans festoyant à une foire aux bestiaux de bourgeois accueillant un artiste en vogue dans une soirée mondaine.
Mais même les prudes, sous d’autres influences, sont de la même trempe, les mêmes pervertis, les mêmes répugnants monstres sous leurs masques de chairs immondes.
Il me semble que la fin-de-siècle a débuté il y a des millénaires, et qu’elle ne cessera pas de sitôt. Il me semble que bien et mal, chute et élévation, transvaluation des valeurs et conservatisme, sont mêmes choses.
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