Enfant nous demandons « pourquoi? ». Adulte nous nous disons « pourquoi pas? ». Par l’action nous acceptons de voir le monde avec les yeux de la communauté en affirmant nos personnalités avec les attributs acceptés dans l’enclot où nous broutons notre herbe.

Habitants du 21° siècle, oserais-je vous inviter à vous pencher sur les expériences de Asch, de Milgram, de Rosenhan? Probablement pas, car au fond rien ne changerait : la raison n’a qu’une durée de vie limitée, tout s’oublie bien vite dès lors que l’on retourne dans son troupeau après avoir songé seul.

« Beh, les autres sont des moutons.

– Beh, nous non.

– Beh, en effet, beh, nous ne sommes pas comme eux, beh. »

De l’autre côté de la clôture un nouvel enclot… Mais plus ça ira moins nous demanderons « pourquoi? », lorsqu’un congénère nous dira « beh » nous répondrons « pourquoi pas… » Tous ces enfants aux joues rougies par les gifles seront toujours plus libres qu’un adulte qui croit décider de sa destinée. Le crève-la-faim qui, avec une mine à la fois perplexe et moqueuse, refuse de se nourrir lorsque l’on veut lui troquer un quignon de pain contre un peu de jardinage sera toujours moins affamé qu’un laborieux au ventre bombé gouttant la sueur.

Extraits choisis du chapitre Sur les chemins chassés du livre Vibrations de l’inertie de Andrey Antreyov Topalovicth

*

Ce n’est pas vraiment que je sois fier de ne rien comprendre à ce(ux) qui m’entoure(nt) – tout le monde en est, après tout, au même point – c’est que je danse ma propre valse plutôt que tournoyer avec la masse au son des barbaries de l’orgue, c’est que je bois mes propres liqueurs et vomis mes propres inepties plutôt que baver les absurdités communes sous prétexte de m’être enivré des mêmes cocktails que mes voisins de prison. Une gueule de bois de trente ans plutôt qu’une gueule de con du même âge.

Extrait des Litanies Sulfuriques de Moi Moisov Moisitch

 

 

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