C’était au début de Tout, lorsque le Temps n’avait pas encore atteint sa forme adulte ni le cosmos sa forme torique. Je vivais sur une île au milieu de l’océan Onirique à mi-chemin entre le dernier littoral et le bout du monde, où les rêves jouaient encore avec le merveilleux et la matière.

Je m’en souviens comme d’âges idylliques, tout était encore possible et je me plaisais à imaginer des futurs fantasques et parfaits que des mots ayant leur place dans des dictionnaires ne sauraient décrire. Je sifflais mes utopies et je les envoyais par les vents fondamentaux afin qu’ils atteignent les démiurges éthérés, et toujours j’avais des réponses en forme de grands rires enjoués et puériles – nous étions alors encore si jeunes, si innocents. Nous nous figurions que la vie n’était pas indispensable à l’existence mais qu’elle n’était pas non plus nécessairement à exclure, nous pensions que dans la lueur des étoiles se formeraient toujours assez de ténèbres pour héberger les espoirs, que le chaos ne serait jamais manquant. Peut-être nous étions-nous trompés.

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