Chaque acte serait un choix, nous devrions prendre un chemin ou un autre, non par nonchalance mais sous l’effet d’une volonté argumentée – du moins lorsque l’on ne serait pas de ces bêlantes têtes de bétail qui se laissent aboyer dessus pour se mouvoir en troupeau.

Du temps, j’en manque, moi. Je suis probablement l’être le plus occupé au monde, je ne suis pas comme mon voisin, ce fainéant qui clame que son corps n’est qu’un garde-manger à nécrophage, que nous ne sommes que carcasses de vacuités, que tout est vain.
Comme je l’ai dit, tout est choix, et nous devons tous choisir de nous impliquer pour laisser une trace dans l’Histoire, dans les mémoires de nos contemporains et de nos descendants, être comme tous ceux qui ont naguère combattu pour une cause et dont on doit certainement garder le nom dans quelque registre… Nous devons nous employer auprès de nos concitoyens afin qu’ils nous estiment et qu’ainsi nous puissions être fiers de nous. Nous devons ne faire honte à personne pour ne pas avoir honte de nous-mêmes. Etc.
Ne soyons pas comme mon voisin, cet ahuri qui prétend lui non plus ne pas avoir de temps mais qui passe son temps à faire la sieste, à songer, à rêver, à s’abîmer dans ses onirismes, à philosopher, à penser, à sonder les métaphysiques, à essayer de comprendre, à noircir des pages qu’il brûle ensuite sur-le-champ, à méditer, à analyser, à imaginer, à côtoyer des personnages imaginaires, à élaborer des raisonnements, à contempler ses paysages intérieurs, et à toutes ces choses bizarres, futiles et inutiles qui laisseront tellement moins de trace dans le futur que moi qui suis un bon sujet de l’humanité.

Il perd tout son temps, pourtant le temps est précieux. Il n’existe pas, ce pauvre type, il n’existe pour personne sinon pour lui, et comme il n’est personne, il n’existe pas, c’est évident, d’ailleurs il l’avoue lui-même, même s’il prétend que moi non plus je n’existe pas ; et, d’ailleurs, s’il n’existe pas, sa parole n’a aucune valeur, donc j’existe !
Ne perdons jamais notre temps avec nous-mêmes, gagnons notre personnalité auprès d’autrui. Célébrons la vie et la fraternité. Et aimons tout de même mon voisin, car il a sa fonction puisqu’il est un contre-exemple et une contre-mesure, il nous rappelle ce que nous ne devons pas être.

Sieste

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