Pourquoi les analyses modernes des littératures de l’imaginaire sont des moisissures ?

Tout d’abord la présence de pédants, de poseurs, d’universitaires studieux plutôt que passionnés, et surtout l’introduction de cette pseudo-science : la psychanalyse.

Ce ne sont pas les créateurs qui livrent les raisons d’être des littératures de l’imaginaire, mais les parasites, les fanges érudites autoproclamées spécialistes du genre, qui, pareils à des spores, se répandent de manière presque invisible avant de maculer les préfaces, postfaces, notes de bas de page et essais, de leurs associations d’idées étriquées auxquelles le niais donne foi.

Ils nous expliquent « comment » existe la littérature de l’imaginaire et pensent qu’ainsi ils répondent à « pourquoi ». Ils suivent, larves gluantes épinglées de diplômes faisant ployer genoux aux hordes abruties, ils se faufilent pour tenter de baver quelque chose où le commentaire devrait être retenu aux domaines du silence, ils suivent jusqu’à étouffer les textes originaux, jusqu’à « moderniser » les œuvres, et commentent jusqu’à faire en sorte que l’original n’ait plus besoin d’être lu par ces hordes microcéphales qui se contenteront de l’analyse du spécialiste plutôt que par les faits. Et les spécialistes suivant ne liront pas non plus le texte original : ils copieront ce que leurs prédécesseurs reconnus auront clamé, et ils l’actualiseront selon la culture dominante, selon les carcans attendus, selon les prismes contemporains. Et qu’importe si le texte s’en retrouve amputé, haché, réduit en chiffe informe, travesti et violé.

Mais toujours personne ne saura de quoi il parle.

Ce que sont les littératures de l’imaginaire ?

Non ! Les littératures de l’imaginaire ne sont pas des défouloirs à refoulés, frustrés, névrosés ou déments.

Non ! Les littératures de l’imaginaire ne sont pas des expériences de l’effroi en domaine familier et sûr.

Non ! Les littératures de l’imaginaire ne servent certainement pas à faire écho au monde prosaïque et à y dénoncer ou faire promotion de telle ou telle fadaise sociale, culturelle, religieuse ou politique.

Non ! La fantasy, le fantastique, la science-fiction, ne sont pas des œuvres romanesques normales dans des cadres différents – les bibliothèques et librairies ne sont pas des lieux de classement fiables de ce genre de choses : on y trouve d’ailleurs en majorité des choses qui ont été puisées dans les égouts.

Les littératures de l’imaginaire sont les espaces d’un Ailleurs, du Possible, de l’infini, et – on l’oublie d’autant plus facilement que le terme est inclus dans le titre – de l’Imaginaire ! Cet imaginaire qui n’est pas une résonance de sexualités ou de vices grotesques, cet imaginaire qui n’est pas parasité par les sens, les expériences ou tout ce que peut subir notre animalité, mais qui est une démiurgie idéale (ce que les lobotomisés ignorent, puisqu’on leur a ôté toute forme de pensée, puisqu’ils ne font que répéter les inepties psychanalytiques, puisqu’ils sont absolument incapables de rêver)  ; des échappatoires à la vie, à l’humanité, à l’animalité, à l’univers tout entier. Elles sont un monde parallèle, un monde dont nous sommes absents en tant que lecteurs, un monde qui perdure dans l’esprit du lecteur comme une ancre nous permettant de rester des esprits oniriques plutôt que des machineries sans rêves intriqués dans nos misérables existences.

Si on peut ôter la fantaisie d’un texte sans lui faire perdre son sens ou sa substance, ce n’est pas de la littérature de l’imaginaire. Quelle importance que le paysage soit irréel ou inspiré de lieux tangibles, quelle importance que tel ou tel personnage soit ou non existant ? Des cartons modelés pour dessiner des horizons elfiques ou des villes réelles n’y changent rien, si c’est habité d’existence banale et commune ce n’est pas imaginaire.

L’imaginaire n’est pas un décor, c’est une essence. Sa dose de réalité est un prétexte.

Nous vivrions dans un monde de dignité, on verrait quelques « spécialistes » regagner leur nature de moisissure de la manière la plus expéditive et prosaïque qui soit…

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