De l’innovation seulement dans les yeux de la plèbe béotienne.

Toujours quelqu’un pour avoir eu l’idée avant. Trop longtemps que le crime a perdu son essence romantique. L’humanité s’est déjà éteinte, mais parce que nul ne cherche à observer la fin du crépuscule, personne ne voit.

« L’acte surréaliste le plus simple consiste, revolvers aux poings, à descendre dans la rue et à tirer au hasard, tant qu’on peut, dans la foule. Qui n’a pas eu, au moins une fois, envie d’en finir de la sorte avec le petit système d’avilissement et de crétinisation en vigueur a sa place toute marquée dans cette foule, ventre à hauteur de canon. La légitimation d’un tel acte n’est, à mon sens, nullement incompatible avec la croyance en cette lueur que le surréalisme cherche à déceler au fond de nous. « 

André Breton

*

Le 12 février 1894, Emile Henry fait sauter une bombe au café Terminus (dans un quartier bourgeois de Paris). Il est condamné à mort le 21 mai 1894. Le 24 juin 1894, Sante Geronimo Caserio, anarchiste italien, tue le président Marie François Sadi Carnot d’un coup de couteau au foie.

Symbole de l’esthétique anarchiste : Caserio n’a pas essayé pas de fuir après son geste, dansant autour de la voiture du président en criant « Vive l’anarchie ! »

La Belle époque

« Vous connaissez les faits dont je suis accusé : l’explosion de la rue des Bons-Enfants qui a tué cinq personnes et déterminé la mort d’une sixième, l’explosion du café Terminus, qui a tué une personne, déterminé la mort d’une seconde et blessé un certain nombre d’autres, enfin six coups de revolver tirés par moi sur ceux qui me poursuivaient après ce dernier attentat.

Les débats vous ont montré que je me reconnais l’auteur responsable de ces actes.

Ce n’est pas une défense que je veux vous présenter. Je ne cherche en aucune façon à me dérober aux représailles de la société que j’ai attaquée. D’ailleurs je ne relève que d’un seul Tribunal, moi-même ; et le verdict de tout autre m’est indifférent. Je veux simplement vous donner l’explication de mes actes et vous dire comment j’ai été amené à les accomplir.

Je suis anarchiste depuis peu de temps. Ce n’est guère que vers le milieu de l’année 1891 que je me suis lancé dans le mouvement révolutionnaire. Auparavant, j’avais vécu dans des milieux totalement imbus de la morale actuelle. J’avais été habitué à respecter et même à aimer les principes de patrie, de famille, d’autorité et de propriété. Mais les éducateurs de la génération actuelle oublient trop fréquemment une chose, c’est que la vie, avec ses luttes et ses déboires, avec ses injustices et ses iniquités, se charge bien, l’indiscrète, de dessiller les yeux des ignorants et de les ouvrir à la réalité.

C’est ce qui m’arriva, comme il arrive à tous. On m’avait dit que cette vie était facile et largement ouverte aux intelligents et aux énergiques, et l’expérience me montra que seuls les cyniques et les rampants peuvent se faire une place au banquet. On m’avait dit que les institutions sociales étaient basées sur la justice et l’égalité, et je ne constatais autour de moi que mensonges et fourberies. Chaque jour m’enlevait une illusion. Partout où j’allais, j’étais témoin des mêmes douleurs chez les uns, des mêmes jouissances chez les autres.

Je ne tardais pas à comprendre que les grands mots qu’on m’avait appris à vénérer : honneur, dévouement, devoir, n’étaient qu’un masque voilant les plus honteuses turpitudes.

Dans cette guerre sans pitié que nous avons déclarée à la bourgeoisie, nous ne demandons aucune pitié. Nous donnons la mort, nous saurons la subir. Aussi, c’est avec indifférence que j’attends votre verdict. Je sais que ma tête n’est pas la dernière que vous couperez ; d’autres tomberont encore, car les meurt-de-faim commencent à connaître le chemin de vos grands cafés et de vos grands restaurants Terminus et Foyot.

Emile Henry

Et pour davantage de  » Dans l’ancien temps c’était mieux » merci de vous reporter aux ouvrages de Martin Monestier, aux Arrivé près d’ici des éditions Baleine, et à toute connaissance concernant ce fameux « ancien temps » dont on parle d’autant plus qu’on ne le connait pas.

Einstein aurait dit que si les rats pesaient plus de 20 kg ils seraient les maîtres du monde. Pauvre type, lui qui ne se rendait pas compte que les rats pesaient déjà plus de 20 kg et qu’il en faisait partie. L’humanité, cette espèce de rongeurs carnassiers qui se complait tant dans les égouts qu’elle en a fait son domaine intellectuel…

Je vous respecte tous et vous crache dessus

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