Ils s’entrainent pour courir en rond, tous ensemble ; ils se pressent pour arriver à leur point de départ et repartir, encore et encore, de plus en plus vite, pour en revenir au même point. On n’appelle pas cela absurdité, on ne nomme pas cet acte Hommage à Sisyphe. Ils s’équipent, ils s’encouragent, et ils s’enchantent. Il faut imaginer les joggeurs heureux, il faut imaginer la course circulaire comme la manifestation de l’humanité.

Et ainsi, à l’image de ce loisir, toute leur vie est une quête de la félicité par la vanité la plus prosaïque, une grotesque parodie de l’inepte, le déplacement dans la stagnation, la gloire du brassage d’air pour se retrouver au même endroit que les pitoyables léthargiques qui ne n’agitent pas ; et, dans ce triomphe de vacuité, tous s’épanouissent pourtant.

Pourquoi ? Comment ? Il n’y a pas à imaginer un Sisyphe heureux, il n’y a qu’à observer cette étrange espèce qu’est l’humain. Sur la voie de la crétinerie, l’humain, arrivé au bout du chemin, gire et arrive ainsi à aller étendre le royaume de l’absurde en des domaines inexplorés jusqu’alors.

Le tératologue avisé en quête d’autres dégénérescences dirigera avec pertinence ses errances vers le parc urbain le plus proche de chez lui.

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