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La mort a des raisons que la raison ne connait pas

                Même lorsque l’on se trouvait deux étages plus bas, toutes portes fermées, on pouvait l’entendre râler, couiner, pleurer, hurler, gémir, maugréer, se plaindre, braire, pleurer. Si l’on osait lui rendre visite dans sa chambre on pouvait le voir se tordre sur son lit, entouré d’herbes médicinales et plongé dans les vapeurs d’eaux parfumées et les fumées d’encens. Comme il s’oignait les mains de diverses huiles réputées avec une maniaquerie frénétique il ne pouvait rien saisir, alors il fallait se plier à ses prières et prendre sur la commode qui lui faisait office de table de nuit l’une des idoles (il en avait de chaque religion, semble-t-il) que sa lubie du moment inclinait à vénérer et la lui .

                Sa peau s’était ridée à force de grimaces de souffrance, sa gorge avait pris de sublimes proportions à force de lamentations. Il était devenu opiomane et les narcotiques ne le soulageaient pas plus maintenant que naguère. Il était aussi devenu adepte de vin thérapeutique, de siestes médicinales et d’onanisme prophylactique.

                Parfois il parvenait à se lever avec une apathique langueur et titubait jusqu’à la fenêtre pour vomir des insultes au ciel dont il qualifiait toujours la lumière de moribonde et néfaste.

                Ses pieds étaient consumés par un feu qu’aucun bain ne pouvait étouffer tandis que ses mains sans cesse glaciales lui interdisaient de se masser les yeux toujours agressés par des myriades de dards. Son ventre paraissait pris dans les tenailles de quelque bourreau de l’inquisition. Ses dents lui indiquaient qu’au moindre choc elles se laisseraient déchausser. Sa langue était trop sensible pour subir quoi que ce soit qui ne fut baigné dans du sirop d’érable. Ses ongles auraient pu être attaqués au burin qu’ils auraient été moins douloureux.

                Tout cela avait commencé par un simple coup de froid, lorsque le Dr. Riviera lui avait dit : « Je ne peux rien pour vous, il vous faut du repos », ce que l’enrhumé avait mal interprété. Car il n’était pas le moins du monde malade, mais il ne le savait pas.

                « Voilà. Ah, voilà ! sourit-il un matin en rendant son dernier souffle, mourant d’un malentendu, mourant de rien, mais enfin apaisé.

Remèdes de grand-père Riviera

Savez-vous que les chimistes et les grands industriels tentent de vous vendre des médicaments absolument inutiles? Ils ont entre autres choses tenté de museler le Dr. Riviera en l’empêchant de publier un article édifiant démontrant qu’un duel à mort au bâton soignait le rhume et la migraine.

Forcer une personne âgée et bossue à porter un sac de plomb soigne les brûlures à la langue! C’est l’évidence même, mais de nos jours plus personne ne s’en souvient.

Se laver les dents avec du piment haché et du vinaigre de cidre vaut de loin la meilleure des hygiènes intimes contre les maladies sexuelles. Quiconque prétendrait le contraire serait sans aucun doute un être malfaisant, ni plus ni moins.

Le sang de vampire évite les arythmies cardiaques lors de l’écoute prolongée d’un opéra de Wagner.

Manger sa soupe en aspirant bruyamment prévient les aphtes et renforce le foie.

Le linceul d’un cadavre apparu en spectre lors d’une séance de spiritisme pendant une pleine lune peut faire office de tissu anti-hémorragique efficace pour les hémophiles entre 7 et 34 ans. Pour les autres il est nécessaire que ce soit le linceul d’une jeune vierge dont le fantôme a été ferré dans les oubliettes d’un château.

L’onanisme calme les migraines fulgurantes.

Avaler les rognures d’ongles trempées dans de l’eau salée, surtout celles des pieds, sera tout aussi efficace que la chirurgie en cas de crise d’appendicite.

 

Le grand Dr. Riviera a établi qu’il existait une indéniable corrélation entre verglacer la cour de récréation d’une école et la chance aux jeux de hasard.

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