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Souviens-toi de sourire

« Nous sommes tous destinés à cela… A l’étroit dans un cercueil mal étanche, mais suffoquant, sous de la terre anodine, prisonnier d’irrémédiables ténèbres, les viscères rongées par les fluides gastriques en attendant que les nécrophages ne viennent faire festin de soi. Là-dessous on va se régaler! Si tu colles bien ton oreille contre le sol tu pourrais même entendre la mélopée de la décomposition, des mélodies succulentes que certains béotiens interprètent de façon fort peu scientifique.

« Ce soir, ou dans quelques jours des nécrophiles, viendront probablement prendre du bon temps, profitant que des voleurs de cadavres auront dénudé la tombe et violé la sépulture en quête de quelques biens monnayables, une alliance, un collier, une dent en or… Ils voient bien que ce n’est pas une personne riche que l’on a abandonné ici, mais que veux-tu… Les criminels de cette trempe ne sont pas souvent bien observateurs ni bien logiques. Néanmoins ils coupent parfois des morceaux de chair qu’ils cuisinent par curiosité ou poussés par la faim, peut-être même que demain, lorsque tu voleras quelque pitance dans la cuisine d’un restaurant ce sera ta maman que tu mangeras, mais tu seras malade, car cette viande peu savent la préparer, cela m’a pris des années avant d’en maîtriser l’art.

« J’aurais aimé traiter plus longuement de la dégradation des chairs, de l’action des sucs sur les boyaux, la compression des gaz, et d’autres merveilles, mais je suis attendu pour une préparation mortuaire. »

Et Léonard, après avoir offert un sinistre baiser le front de la fillette bouleversée versant de nauséeuses larmes sur la fraîche sépulture de sa mère, s’en alla en sifflant un hymne funèbre composé sur une gamme impie.

 

Si les lèvres des asphyxiés virent au bleu c’est parce que c’est ce qui passe le mieux avec la langue tirée et les yeux écarquillés.

La mort ça n’arrive pas toujours qu’aux autres.

Savoir de quoi (ou de qui) l’on parle

Ils sont nombreux à parler de La Mort, mais combien la connaissent? Bah, après tout on ne refuse à personne de parler de beauté intérieure, de dignité ou d’honnêteté…

Memento Mori

… pour se purger des cent corruptions

Que la vie et la mort servent en ses sillons,

Pour refondre et pétrir le cadavre et l’ordure,

Et dans un moule neuf couler la pourriture,

Pour semer dans ses flancs cet effroyable engrais

Et le vomir au ciel en robustes forêts,

Mieux que des grands lions et des aigles superbes

La Nature se sert du peuple obscur des herbes.

Durs ongles du jaguar, crocs aiguisés du loup,

Corbeaux, dont le bec droit s’enfonce comme un clou,

Tenailles des vautours, vous êtes moins terribles

Que cette légion d’ouvriers invisibles !

Mâchant les nerfs, sciant les os gélatineux,

Rongeant des intestins les innombrables nœuds,

Vermine de la mort, ils travaillent à boire

Du hideux sang figé la fange flasque et noire.

Et voici qu’à la place où les os ruinés

Souillaient de leur odeur les champs empoisonnés,

Déborde à flots pressés une herbe drue et verte,

Rougit superbement quelque fleur grande ouverte,

Fleurs et gazons éclos de ces sucs empestés

Que les fossoyeurs nains à la terre ont portés.

Pour épurer le ciel, pour nettoyer le monde,

Et changer en parfums la pourriture immonde,

Pour mêler à la sève ardente de ton sein

D’un corps décomposé l’écoulement malsain,

Pour nourrir de ces chairs liquides et puantes

Un arbre aux bras noueux, aux racines géantes,

Pour dresser dans l’azur son front de fleurs couvert,

Nature, il te suffit d’une mouche ou d’un ver !

Jean Richepin

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