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Étiquette : misanthropie Page 2 of 5

Je sais que la fin du monde est arrivée

Comment savoir que la fin du monde a eu lieu ? Si des nouvelles de Edgar Poe se trouvent rassemblées dans un recueil ayant pour titre  » Une heure de lecture flippante  »

 

Êtes-vous prêt à vous crever les yeux ?

 

Qui pourrait vouloir d’une réalité ou d’un présent ainsi fait qu’on en soit arrivé là ? …

Du diktat de ceux qui n’existent pas

Parce qu’ils ne trouvent en eux rien sinon du limon, ils vont baigner dans ce grand égout qu’est l’humanité, afin de se trouver normaux dans leurs vacuité, afin de communier avec certains qui mettent en forme leur vide, afin de s’agiter, et, surtout, de ne pas se retrouver en eux-mêmes. Lorsqu’ils ne peuvent être leurs familles ils sont leurs nations, lorsqu’ils ne peuvent être leurs emplois ils sont leurs amis, lorsqu’ils ne peuvent être leurs lectures ils sont leurs musiques, lorsqu’ils ne peuvent se trouver de points communs avec les uns… ils changent de point de comparaison, et lorsqu’ils ne peuvent être leurs actualités ils sont leurs cancans.

Mais puisqu’il faut brasser de l’air pour ne pas stagner dans sa propre médiocrité, puisqu’il faut brasser des miasmes pour ne pas être répugné par ses propres relents nauséabonds, ils s’agitent, ils hurlent, ils bâtissent, ils se reproduisent, ils pullulent, pareils à d’inutiles cancers se multipliant sur ces corps morts que sont la vie, la société, la Terre, et même cette lamentable boucherie de viandes avariées qu’est la culture.

Ce n’est pas à dessein qu’ils empêchent les rêveurs de se promener en eux-mêmes, ce n’est pas par perfidie directe qu’ils interdisent à l’expression pure de s’écrire sur une écume de vague discrète et solitaire ou sur les sables d’une grotte où l’on pourrait être fou et libre sans crainte qu’un troupeau n’y vienne vomir ses niaiseries, ce n’est pas par rancœur qu’ils font de l’extérieur un omniprésent agressif et délétère à l’intériorité, non, s’ils font ainsi c’est pour eux-mêmes, pour s’éviter, à eux, espèce grégaire dépourvue d’individualité, de se trouver trop seuls.

Ils n’existent pas, ils ont des noms mais ils n’existent pas, et pourtant partout s’impose leur diktat.

 

albert10

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L’humain est l’espèce élue

J’avais dégagé la base du monolithe gravé et il était évident qu’il possédait des racines, qu’il se comportait assez comme un arbre, un arbre de vie si mignon et intelligent… Il communiqua avec mon esprit, m’expliqua que l’univers existait depuis presque 15 milliards d’années mais qu’avant ça il avait aussi existé, qu’il existerait encore bien plus longtemps, mais que tout cela, ces dizaines de milliards d’années lumières d’espace et ce long temps, n’avait pour unique but que l’être humain civilisé et moderne (non pas ces macaques troglodytes athées ou païens de la préhistoire – et encore moins les autres animaux qui ne sont là que pour être mangés par les humains, car c’est à ça qu’ils servent), cet humain qui vit depuis quelques milliers d’années et ne vivra pas beaucoup plus. C’est ici, dans ce recoin de cette galaxie anodine, que toutes les puissances cosmiques convergent, que les agencements des étoiles prennent leur sens, que la vie grouille, ici seulement, et pas ailleurs.

Tout cela ce fut le monolithe qui me l’a dit ; et il m’a expliqué que nous devions aller coloniser d’autres planètes ou au moins s’entasser dans des vaisseaux spatiaux, faire croître la vie, quel qu’en soit le prix, que nos descendants soient le sens de notre vie, qu’ils bataillent pour vivre leurs dizaines d’années tendues entre leur naissance et leur mort dans la faim, la soif et le labeur ; et qu’eux-mêmes ne cessent de se multiplier au lieu de quoi leurs existences seraient absurdes et rendraient les nôtres aussi vaines.

Le but de tout, me confia le monolithe, c’est la vie, cet agencement de la matière inerte en matière sensée.

Oh oui, la vie est sacrée, elle est ce vers quoi a tendu l’univers depuis tant d’éons ; notre vie, nous, la vie humaine, non celle des reptiles ou des bactéries, ni les végétaux (ces entités belliqueuses et si problématiques) mais celle de ceux qui savent parler au monolithe.

Alors vive la vie, en particulier la vie humaine…

equipde

… Ou pas…

La cité est un Freak show de l’esprit

Ils s’entrainent pour courir en rond, tous ensemble ; ils se pressent pour arriver à leur point de départ et repartir, encore et encore, de plus en plus vite, pour en revenir au même point. On n’appelle pas cela absurdité, on ne nomme pas cet acte Hommage à Sisyphe. Ils s’équipent, ils s’encouragent, et ils s’enchantent. Il faut imaginer les joggeurs heureux, il faut imaginer la course circulaire comme la manifestation de l’humanité.

Et ainsi, à l’image de ce loisir, toute leur vie est une quête de la félicité par la vanité la plus prosaïque, une grotesque parodie de l’inepte, le déplacement dans la stagnation, la gloire du brassage d’air pour se retrouver au même endroit que les pitoyables léthargiques qui ne n’agitent pas ; et, dans ce triomphe de vacuité, tous s’épanouissent pourtant.

Pourquoi ? Comment ? Il n’y a pas à imaginer un Sisyphe heureux, il n’y a qu’à observer cette étrange espèce qu’est l’humain. Sur la voie de la crétinerie, l’humain, arrivé au bout du chemin, gire et arrive ainsi à aller étendre le royaume de l’absurde en des domaines inexplorés jusqu’alors.

Le tératologue avisé en quête d’autres dégénérescences dirigera avec pertinence ses errances vers le parc urbain le plus proche de chez lui.

L’enfer comme espoir d’une vie meilleure

Les romantiques échouent toujours à prédire l’avenir. Comment leur en vouloir ? Ils ne connaissent déjà rien du présent ni de la réalité, et c’est ainsi pour le mieux.
L’enfer comme espoir d’une vie meilleure !

I can’t agree with the high-brows that weird is dead – either in poetry or anywhere else. They’re are suffering from mechanized imaginations. But, I, for one, refuse to submit to the arid earthbound spirit of the time; and I think there is sure to be romantic revival sooner or later – a revolt against mechanization and over-socialization, etc. If there isn’t – then I hope to hell my next incarnation will be in some happier and freer planet. Neither the ethics or the aesthetics of the ant-hill have any attraction for me.
Clark Ashton Smith

autolise

Bonheur, lobotomie et divertissements

N’en veuillez pas aux spectateurs de divertissements : ils sont victimes d’un complot. Toute l’humanité est victime d’un vaste complot, il ne peut en être autrement.

J’étais allé voir une pièce tout ce qu’il y a de plus parfaite (du moins le pensais-je), avec des sentiments, des personnages gentils et des personnages méchants, quelques intrigues, un peu de tristesse, quelques plaisanteries, du suspens, des critiques de notre société….

A la sortie j’ai remarqué un homme qui se tenait dans un angle enténébré, fumant une cigarette qui éclairait parfois son visage mesquin et malveillant. Sortirent deux amis qui devisèrent ainsi :

« Quel bon moment avons-nous passé !

– En effet. Je ne sais plus de quoi traitait la pièce mais je me sens bien plus intelligent.

– Nous sommes des initiés.

– Nous avons trouvé de quoi utiliser très subtilement l’argent que nous avons empoché à la juste valeur de notre labeur. Cela me ravit.

– Et cela me satisfait ! De plus nous pourrons nous vanter d’avoir vu cette pièce. C’est que c’est aussi de la socialisation.
– C’est avant tout cela. D’ailleurs, avez-vous remarqué comme il est agréable de suivre une histoire avec toute une foule de spectateurs prêts à vous aider à savoir quand rire, pleurer, crier, applaudir, avoir peur, etc ? Cela n’a rien à voir avec ces lecteurs au visage gris qui se voutent le dos sur du papier sans rien partager ni recevoir avec le reste de leurs congénères, ou ces aigris qui vomissent de l’imagination pour eux seuls sans le partager pour ne plus finir que par vivre dans des idéaux émétiques, tous ces étudiants qui ne courent après aucun diplôme, tous ces romantiques esseulés et pathétiques, tous ces arpenteurs de rêvasseries solitaires, tous ces…

– Ne m’en parlez pas, cela va me donner la nausée. Ils pensent que penser est nécessaire pour savoir quoi penser, alors que, sincèrement, dans les spectacles vivants on nous dit quoi penser et cela ne nous permet pas moins de savoir que penser.

– Ah ? Oui, très certainement. De toutes manières vous devez avoir raison puisque vous avez vu cette pièce, et seuls les gens qui ont raison vont la voir.

– Je ne fais que citer ce que j’ai entendu. Je suis un homme cultivé : je cite ! »

Dans l’encoignure le fumeur sourit et rentra dans le théâtre. Je l’ai reconnu, c’était l’auteur de la pièce. Je sais. Je sais que c’est un abject misanthrope, un membre du complot. Ils ourdissent des spectacles pour flatter un public de ce qu’ils prennent pour des onanistes prétentieux et, à l’aide d’ondes expérimentales ils capturent les influx nerveux et cérébraux des spectateurs pour les leur voler. Ainsi on y entrerait médiocre et on en ressortirait pire, trop sot pour se rendre compte qu’on l’est toujours davantage. Un numéro de siège comme un numéro de matricule dans un asile d’aliénés.

Il en est ainsi, car cela ne peut être l’humanité qui se congratule de son entrain à plonger dans les abîmes de la décérébration.

De mon côté je ne peux continuer de vivre avec ce fardeau. Chaque soir j’irai au théâtre, rire, pleurer, crier, applaudir avec tout le monde, impatient que les ondes m’aient rendu assez imbécile pour ne plus avoir à craindre pour ma niaiserie et mon crétinisme ; et si je n’y parviens pas ainsi j’en passerai par un moyen moins extrême, mais que j’espère tout aussi efficace, et je me ferai lobotomiser.

 

Mais d’après les données que m’ont fournies à la fois votre propre récit et les réponses que je vous ai extorquées à grand-peine, je ne puis tirer qu’une conclusion : c’est que les gens de votre race forment, dans leur ensemble, la plus odieuse petite vermine à qui la Nature ait jamais permis de ramper à la surface de la terre.

Ainsi conclut le roi de Brobdingnag

 

Sur les sépultures du présent

« Espèce éphémère et misérable, enfant du hasard et de la peine, pourquoi me forces-tu à te révéler ce qu’il vaudrait mieux pour toi ne jamais connaître ? Ce que tu dois préférer à tout, c’est pour toi l’impossible : c’est de n’être pas né, de ne pas être, d’être néant. Mais, après cela, ce que tu peux désirer de mieux, — c’est de mourir bientôt. »

 

Bien choisir ses ennemis afin de combattre avec frénésie plutôt que se complaire dans un nid de tendres.

 

 » — Mais, cher monsieur, qu’a-t-on jamais entendu par romantisme si votre livre n’est pas romantique ? Est-il possible de pousser plus loin la haine du « temps présent », de la « réalité » et des « idées modernes » que vous ne l’avez fait dans votre métaphysique d’artiste — qui préfère croire au néant et même au diable plutôt qu’au « présent » ? Au-dessous de la polyphonie contrapuntique dont vous tentez de séduire nos oreilles ne gronde-t-il pas une basse fondamentale de colère et de destruction joyeuses ? une farouche résolution contre tout ce qui est « actuel », une volonté qui n’est certes pas très éloignée du nihilisme pratique, et qui semble dire : « Que rien ne soit vrai, plutôt que vous ayez raison, plutôt que triomphe votre vérité ! » Écoutez vous-même avec attention, monsieur le pessimiste adorateur de l’art, un seul passage, choisi dans votre livre, ce passage, nullement dénué d’éloquence, le « tueur de dragons », qui semble comme un piège insidieusement tendu aux jeunes esprits et aux jeunes cœurs. Quoi ? N’est-ce pas l’authentique et véritable profession de foi du romantisme de 1830, sous le masque du pessimisme de 1850 ? et derrière cette profession de foi n’entend-on pas préluder le finale consacré, en usage chez les romantiques, — rupture, écroulement, retour, et enfin prosternation à deux genoux devant une vieille foi, devant le Dieu ancien ?… Quoi ? votre livre de pessimiste n’est-il pas lui-même une œuvre de romantisme et d’antihellénisme, quelque chose « qui, à la fois, produit l’ivresse et obscurcit l’esprit » en tout cas, un narcotique, un morceau de musique, voire de musique allemande ? »

Friedrich N.

Le livre & autres sépiaseries bonus

 » Il est plus que rare : ce livre n’a jamais été tiré, il n’en existe aucun manuscrit, il n’en a même aucun auteur. Cela explique son prix, mais croyez-m’en, vous n’aurez jamais rien de plus dépourvu de médiocrité à lire. »

J’ai dépensé toutes mes économies, j’ai vendu chapeaux, gants, chaussures, culottes, toilettes, pain et pot de chambre, et jusqu’à mon savon, pour l’acquérir. On me croira pauvre mais on se trompera à un tel point… !

Bonus misanthropique :

Je ne pouvais croire à son assertion, elle était presque trop prétentieuse – ou trop lucide. Je rentrai donc chez lui par effraction et allai à son pot de chambre pour consulter ses brouillons sur le papier journal souillé gisant à côté de l’émail. C’était pourtant vrai, il avait eu raison lorsqu’il avait arrangé la foule en clamant : « J’ai honte de mon anus : il produit la même immonde matière que vos putrides esprits! » Les feuilles entrées en contact avec ses fondements équivalaient en tous points à l’essence de l’esprit humain, à moins qu’il ne fit ses besoins dans un crâne taillé, comment savoir ?

Le savoureux savoir porte l’amer doute, désormais je ne sais jamais plus si je suis dans une bibliothèque, une brasserie ou des égouts, partout l’humain a trop laissé son empreinte.

Bonus lucide :

« Allons, mon brave, que faites-vous donc ?

– Il parait que complainte aurait pour sens étymologique « se frapper la poitrine après un deuil ».

– Certes, peut-être, mais je pense qu’il s’agit de se frapper sa propre poitrine, non celle du défunt…

– Quel intérêt aurais-je de me frapper moi-même : c’est le mort qui crée une jalousie haineuse, pas moi. »

« Non, rien ; délivrez-nous de la Pensée,

Lèpre originelle, ivresse insensée »

Laforgue

– Bonus bienheureux :

« Saviez-vous que le nouveau système d’égouts et de caniveaux fait se déverser toutes les eaux sales ici ?

– Ah ben ouais, eh quoi ?

– Eh bien n’avez-vous quelque répugnance à vous y baigner ?

– Ah ben si on doit s’soucier d’tout ça on peut p’us rien faire ! »

Bonus silencieux :

Le but de réclamer la liberté de s’exprimer c’est aussi de se distraire de son incapacité à penser par soi.

Bonus Zothique :

« I… refuse to submit to the arid, earth-bound spirit of the time; and I think there is sure to be a romantic revival sooner or later – a revolt against mechanization and over-socialization, etc… Neither the ethics or the aesthetic of the ant-hill have any attraction for me. »

C.A.S.

Philosophie de foule

 

Il voulut frapper les esprits mais il n’y avait que la foule, aucun esprit…

On m’a dit qu’il fallait aimer son prochain comme on s’aime soi-même… Alors je me suis mis à me haïr.

 

 

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